Examen de la solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien

Sur la chaine youtube Political Alchemy, par Sharif Abu Laith

La solution des deux États n’est pas une solution pour les Palestiniens. C’est blanchir les crimes des sionistes, accepter l’occupation, et c’est tout simplement irréalisable.

Oui, je comprends que de nombreuses personnes sincères appellent à une Palestine libre ou à une solution à deux États. Cependant, nous devons veiller à ne pas tomber dans le piège de l’acceptation de la subordination permanente du peuple palestinien.

 Israël vivant aux côtés du nouvel État de Palestine a longtemps été considéré comme la solution, mais elle reste difficile à atteindre. Avec la guerre à Gaza, elle fait de nouveau la une des journaux.

 »  La seule vraie solution est une solution à deux Etats au fil du temps » (Joe Biden dans un clip vidéo.)

 » Une fin durable au conflit israélo-palestinien ne peut venir que d’une solution à deux États.

deux États. »  (Secrétaire général des Nations unies, M. Guterres, dans un clip vidéo.)

    Nous savons que les Juifs représentaient environ 5 à 8 % de la population palestinienne au début du 20e siècle.  Nous savons également que le mouvement sioniste a poussé pour un état suprémaciste ethnique et racial.

Comme l’a déclaré l’ancien premier ministre Yitzak Rabin, « je ne crois pas que pendant 2 000 ans, les Juifs aient rêvé et prié pour le retour à Sion afin de créer un État binational ».

Ils ne voulaient pas d’un État où les juifs, les chrétiens et les musulmans – qui, soit dit en passant, sont en majorité musulmans – pourraient vivre en paix ensemble.

 Ils voulaient créer un État juif spécifique, mais ils n’avaient tout simplement pas la démographie nécessaire pour cela. Même après la Seconde Guerre mondiale, la population juive ne représentait qu’environ 30 %, malgré les politiques britanniques favorisant largement l’immigration juive européenne, afin de créer, comme l’a dit Ronald Storrs, « un petit Ulster juif loyal », ce qui signifie qu’ils voulaient créer une population britannique loyale dans la région arabe pour servir les intérêts coloniaux britanniques.

Cette population juive de 30 % après la Seconde Guerre mondiale ne possédait qu’environ 8 % des terres.  Pourtant, les Nations unies ont recommandé de donner aux sionistes 54 % des terres, alors que 70 % ne devaient en recevoir que 46 %.

C’est tout à fait injuste, n’est-ce pas ?

Ce projet colonial visant à créer une entité pro-occidentale et pro-britannique – à l’origine pro-britannique pour servir les intérêts coloniaux – a ensuite été approuvé par l’entité néocoloniale connue sous le nom de Nations Unies.

Même à ce moment-là, Israël a utilisé l’excuse de la guerre israélo-arabe – la seule guerre menée par des dirigeants arabes qui étaient plus intéressés par l’apparence qu’ils faisaient quelque chose plutôt que d’agir réellement – pour s’emparer de 78 % du territoire.

Les Palestiniens ont alors été forcés de quitter complètement la Palestine, devenant des réfugiés mais souhaitant également retourner dans leurs propres maisons et sur leurs terres en Palestine.

 Soient-ils ont été forcés de s’installer dans d’autres régions de la Palestine, comme Gaza ou la Cisjordanie, chassés de leur propre terre où ils avaient vécu pendant des siècles, voire des millénaires.

Est-ce juste ?  Accepterions-nous que quelqu’un vienne chez nous, nous mette à la porte et nous oblige à vivre sous une tente dans la petite partie du jardin ?

Non, bien sûr.

Ainsi, lorsque divers dirigeants du monde parlent de la « solution à deux États », c’est comme si on nous disait que nous allions maintenant reconnaître que les envahisseurs qui ont pris votre maison et la plus grande partie de votre jardin peuvent rester chez vous, qu’ils y ont droit, tandis que vous pouvez vivre dans la cabane délabrée du jardin.

C’est une plaisanterie, n’est-ce pas ?

Alors pourquoi les Palestiniens accepteraient-ils cela, et accepteraient-ils cette offre ?

Il fut un temps où ils vivaient et possédaient la grande majorité des terres, avant d’être contraints d’accepter l’expulsion massive et le massacre qui ont eu lieu en 1948, ainsi que les conditions d’apartheid qu’ils ont endurées pendant des décennies, pour ensuite se voir dire d’accepter cette petite parcelle de terre.  

Et c’est ce qu’on appelle un accord équitable ?

Bien sûr que non.

 Et ne vous laissez pas déconcerter par les pro-sionistes qui prétendent que la Palestine n’a jamais existé.

La Palestine – cette région en tant que lieu géographique – a existé. Et le peuple palestinien a vécu sur cette terre au moins depuis les Cananéens.

Les études génétiques le prouvent. Il ne s’agit pas de l’existence d’un État-nation moderne appelé Palestine. C’est un faux-fuyant.

Le fait est que des gens ont vécu sur cette terre – quel que soit le nom qu’on leur donne- ils y ont vécu sans interruption pendant des siècles, voire des millénaires.

Ils possédaient légalement des maisons et des terres agricoles et ont ensuite été ethniquement « nettoyés » de leurs maisons et de leurs terres.

 Ils estiment qu’ils ont le droit de retourner dans les maisons où ils ont vécu pendant des siècles, voire beaucoup plus longtemps.

La solution des deux États suggère que les sionistes gardent simplement les 78 % de la terre et qu’il n’y a plus de négociation possible ; ces 78 % sont une affaire réglée. Pourquoi ? Parce que les grandes puissances politiques, principalement les anciennes puissances coloniales occidentales, le disent.

 Ce qui est à négocier, selon eux, c’est la création d’un État palestinien dans les 22 % restants de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Mais même ces 22 % sont en train de se réduire.

 Quelque 700 000 colons juifs occupent la Cisjordanie et d’autres colonies sont en cours de création.

 Il s’agit d’un véritable accaparement des terres.

Pendant que les sionistes négocient un futur État palestinien potentiel, ils s’emparent de plus en plus de la Cisjordanie – une Cisjordanie où des routes sont interdites aux Palestiniens, comme la rue Sahala à Al Khalil (l’ortho ?).

D’immenses murs séparent les communautés palestiniennes pour « protéger » les colonies sionistes.

 » Des Palestiniens et des militants étrangers se sont rassemblés pour marquer le 23e anniversaire de la fermeture de la rue a-Shuhada dans la ville d’Hébron, en Cisjordanie. « extrait vidéo.

Une solution à deux États où les sionistes continuent de voler, d’occuper les 22 % réservés aux Palestiniens avec des murs qui séparent les communautés palestiniennes, des routes qu’ils ne sont pas autorisés à emprunter, est tout simplement irréalisable.

Et n’oubliez pas qu’il s’agit des 22 % qui sont en baisse par rapport aux 46 % initialement envisagés par les Nations unies.

-Comment une solution à deux États peut-elle être viable si la Cisjordanie compte 700 000 colons sionistes ?

2.

Le deuxième problème est celui de Jérusalem.

Les Palestiniens sont censés n’avoir droit qu’à Jérusalem-Est et non à l’ensemble de la ville, Jérusalem-Ouest étant attribuée aux sionistes.

Pourtant, les sionistes veulent faire de Jérusalem, la totalité de la ville, leur capitale éternelle et indivise.

Les États-Unis ont d’ailleurs transféré leur ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem, reconnaissant ainsi implicitement la revendication d’Israël de faire de Jérusalem leur capitale indivise.

Beaucoup veulent aussi que la mosquée al-Aqsa soit le site de leur troisième temple juif. Cela signifie donc aussi la destruction de la mosquée al-Aqsa.

3.

Le troisième problème est que Gaza et la Cisjordanie sont séparées par Israël : comment peut-on avoir un État viable si l’on ne peut pas avoir un gouvernement sur un territoire continu ?  C’est tout simplement impraticable et irréalisable.

En effet, tout futur État palestinien verrait son économie, y compris l’eau, le gaz et l’électricité, contrôlée par les sionistes.

Pour avoir une véritable souveraineté, il faut contrôler ses ressources stratégiques.

« 97 % de l’eau de Gaza est impropre à la consommation humaine. En revanche, les Israéliens ont accès à une moyenne de 300 litres d’eau propre par jour. Ce déséquilibre flagrant trouve son origine dans la façon dont Israël a pris le contrôle de l’eau de la région. « (publié par le journal israélien Ha’aretz et The Guardian)

 En contrôlant l’eau, Israël exerce un contrôle indirect sur la vie des Palestiniens. Et il ne s’agit pas seulement du contrôle de l’économie et des ressources :

Israël continuerait également à contrôler les frontières de tout futur État palestinien, y compris les voies navigables, les ports maritimes et même l’espace aérien.

Sans parler de la question de savoir si les Palestiniens seraient autorisés à développer leur propre armée. Il y a ensuite la question des réfugiés palestiniens qui ont été chassés de 1948 ou de 1967, chassés, complètement chassés de la Palestine. Ont-ils le droit de retourner dans leurs foyers d’origine ?

 Plus de 5 millions de réfugiés palestiniens vivent en dehors de la Palestine, dans des pays comme la Jordanie, l’Égypte, la Syrie ou le Liban.

Ont-ils le droit de retourner sur leurs terres après les expulsions de 1948 ou de 1967 ? Il ne s’agit pas d’un compromis désordonné entre deux parties.

Une seule partie seulement est censée faire des compromis, et il s’agit des Palestiniens. Ils doivent accepter qu’Israël prenne la plus grande partie du territoire, contrôle les frontières et n’obtienne jamais une véritable indépendance ; ils ne doivent pas non plus accorder à ceux qui ont été ethniquement « nettoyés » de leurs maisons le droit de retourner sur leurs terres.

Même si nous prenons une norme laïque pour un moment. Je ne montre cela que pour démontrer l’hypocrisie totale de l’Occident qui prône une solution à deux États.

Pourquoi les dirigeants occidentaux répètent-ils constamment que la solution à deux États est la seule solution au problème de la Palestine ?  Pourquoi ne réitèrent-ils pas la solution d’un seul État où tout le monde dans le pays a le droit de voter dans le cadre d’un système laïque ? Pourquoi accepter Israël comme un État ethno-racial suprémaciste ?

Israël indique clairement qu’il s’agit d’un État juif. En 2018, le Parlement israélien a adopté la loi nationale de l’État qui stipule – écoutez ceci – que  » le droit d’exercer l’autodétermination nationale  » en Israël est, je cite,  » unique au peuple juif « . Il s’agit d’un État suprématiste raciste comme l’Afrique du Sud de l’apartheid, qui accorde un traitement préférentiel en raison de la race. Comme l’a dit Ariel Sharon, ancien premier ministre,  » Nos ancêtres ne sont pas venus ici pour construire une démocratie, mais pour construire un État juif ». 

Ils ne sont donc pas intéressés par la solution d’un seul État où tout le monde est libre et a le droit de voter.

Non, ils veulent créer un État ethno-racial spécifique, un État juif.

Mais il ne peut s’agir d’une entité juive si les Juifs sont minoritaires.  Si les 5 millions de réfugiés palestiniens ont le droit de revenir de l’extérieur de la Palestine, et qu’ils s’ajoutent aux Palestiniens qui vivent à l’intérieur en Israël, en Cisjordanie et à Gaza, les Juifs redeviendraient alors à environ 30 % de la population, soit le même pourcentage qu’après la Seconde Guerre mondiale.

Les données démographiques ne plaident donc pas en faveur d’un État ethno-racial juif.

 Les Palestiniens ne sont pas peu nombreux.

 Israël est actuellement un paria sur la scène mondiale. Alors pourquoi les Palestiniens, qui constituent la majorité des habitants de la terre, accepteraient-ils l’injustice de se voir attribuer une petite partie des 22% de la Cisjordanie et de Gaza ?

Pourquoi devraient-ils accepter une telle injustice ?

Dans la video, voici un court extrait des propos d’une femme, apparemment du gouvernement Israelien :

 » Si les Nations Unies sont impliquées, alors oubliez les camps de réfugiés. Pourquoi les Palestiniens devraient-ils être des réfugiés après 70 ans de vie indépendante ? Ils auraient pu construire leur propre vie, mais ils ne l’ont pas fait « 

 La réalité est la suivante : l’entité coloniale sioniste n’existe que tant que l’Occident la soutient.

Ils n’ont pas la démographie… ils n’ont pas la population, ils n’ont pas la démographie, et ils n’ont même pas la géographie dans la région pour soutenir l’existence de cette entité sioniste. Et ils n’existent que tant que l’Occident les soutient, et tant que les dirigeants arabes restent comme des  » Sheitan  » (mauvais esprits), c’est-à-dire inactifs.

La solution à deux États n’est pas seulement irréalisable, elle est injuste. Les Palestiniens méritent mieux. Ils méritent de retrouver leurs terres, leurs maisons et leurs droits, et non de continuer à être soumis, ce qu’une solution à deux États ne ferait que leur offrir.

traduction en français non officielle par Michèle de Gastyne

https://www.youtube.com/@PoliticalAlchemy

« Political Alchemy » est une chaîne dédiée qui cherche à sensibiliser les musulmans eux-mêmes aux questions politiques et idéologiques, en particulier celles qui touchent le monde musulman.

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